Colloque Israël Palestine 2020
Ce colloque avait pour objectif d’examiner des points cruciaux de la vie économique pour les populations israéliennes et palestiniennes, tels que l’eau, l’énergie, la démographie… JCall avait choisi cet angle d’attaque de la question israélo-palestinienne pour éviter de stériles discussions sur les négociations en cours.
Table ronde sur la situation géopolitique
La table ronde de la matinée, sur la situation géopolitique de la région, réunissait des chercheurs et analystes du Proche Orient : Asni Abidi, Nicole Bacharan, Frédéric Encel, Dan Goldenblatt, Georges Malbrunot, Hubert Vedrine.
Ils abordaient l’un après l’autre une série de questions posées par la journaliste Ruth Elkrief. Ainsi :
- Quels scénarios géopolitiques sur les changements au Proche-Orient ?
- Comment résoudre la question des colons et des réfugiés ?
- Quel rôle dans la résolution des conflits pour les Etats-Unis, l’Union européenne et les nouveaux acteurs mondiaux, Russie, Chine… ?
- Qu’est-ce qui peut bouger maintenant dans les pays arabes ?
- Quelle volonté d’aboutir à un accord de paix équitable de la part du gouvernement Netanyahou et de l’opinion publique israélienne ?
Ces questions ont été examinées dans un souci d’objectivité, appuyées sur une connaissance précise des contextes. Les analyses et réponses apportées, proches sur l’essentiel, ont souvent présenté des nuances, des différences ou même des divergences particulièrement intéressantes : les enjeux politiques d’une position s’y révélaient pleinement.
Le pessimisme quant au résultat des négociations en cours affleurait, mais l’optimisme a été défendu comme une exigence politique contre un scepticisme démobilisateur, appuyée sur des indices favorables : L’évolution de la société israélienne d’abord (la deuxième chaine de télévision israélienne propose 50 % de ses programmes en arabe, de nombreux groupes de musique ou de théâtre sont communs…). Le contexte politique international ensuite : Netanyahou sait qu’il ne peut pas ne rien faire face à la pression internationale.
Le Groupe d’Aix
L’après-midi, table ronde pour présenter les travaux du Groupe d’Aix, présidé par un professeur d’économie à l’Université d’Aix-Marseille, Gilbert Benhayoun. Il réunit des économistes israéliens, palestiniens et internationaux travaillant depuis une dizaine d’années sur des scénarios économiques pour deux Etats en cherchant des solutions avantageuses pour les deux parties. Ces études sont publiées par le groupe et leurs recommandations soumises aux décideurs.
Ils ont longuement exposé leur mode de fonctionnement et leurs méthodes de travail, partant du principe qu’une solution raisonnable pour deux Etats est possible, et que si l’économique doit être soumis au politique, il occupe cependant une place fondamentale.
Parmi les thèmes sur lesquels ils travaillent : la feuille de route économique, le désengagement, les réfugiés, Jerusalem partagé, la vallée du Jourdain, l’eau, l’énergie, la coopération économique, la redéfinition des Accords de Paris (*). Parmi leurs propositions (on aurait aimé en connaître davantage…), ils ont donné comme exemple l’accord d’union douanière entre les territoires palestiniens autonomes et Israël, très défavorable à l’économie palestinienne, qu’ils veulent remplacer par une zone de libre échange, plus équitable.
Conclusions des interlocuteurs
Arié Arnon, Israélien, et Saëb Bamya, Palestnien, tous deux coordinateurs du groupe d’Aix, ont en conclusion présenté chacun leurs perspectives.
Arié Arnon a esquissé des conditions : se placer dans une perspective historique pour comprendre les avancées et les échecs antérieurs, prendre à bras le corps les problèmes les plus difficiles, en particulier en ce qui concerne les réfugiés palestiniens. L’erreur d’Oslo ayant été de prévoir un processus par étapes, qui a exacerbé les extrémistes, il faut être clair sur le but final.
Saëb Bamya a développé les erreurs du processus d’Oslo et a laissé voir son pessimisme, entre autre parce que les avancées apparentes dans l’autonomie du peuple palestinien ne lui laissent de fait aucune réelle souveraineté économique. Il faut redéfinir les accords de Paris et créer une banque centrale palestinienne pour permettre à l’économie palestinienne, peu développée, de se construire sans être assujetie à la florissante économie israélienne et à l’aide humanitaire internationale.
Que dire de cette journée ?
D’abord l’intérêt des analyses, argumentées et reposant sur une réelle expérience du terrain, la prise en compte de la complexité, l’absence de dogmatisme, le sérieux des solutions envisagées. Oui, nous dirent-ils, une solution à deux Etats, sur la base de la justice et de l’équité, est non seulement politiquement nécessaire, mais aussi techniquement et économiquement possible, et même favorable. Ces solutions seront-elles étudiées et retenues lors des négociations secrètes en cours ? Le sentiment que les conditions pour une résolution du conflit n’étaient pas réunies imprégnait beaucoup d’interventions, mais l’affirmation que rien n’était encore joué faisait partie des très modestes moyens de l’assemblée pour faire pression sur les gouvernants israéliens. L’assistance, une centaine de personnes, était attentive et motivée, les questions nombreuses après les interventions. L’hôpital des Diaconesses à Paris avait prêté son amphithéâtre à JCall pour accueillir ce colloque et certains ont noté le caractère allégorique du lieu…
Notes
- (*) Signé le 29 avril 1994 à Paris, après les accords d’autonomie d’Oslo, ce protocole sur les relations économiques entre Israël et l’OLP accorde une liberté économique limitée aux Palestiniens.
- Ce colloque sera prolongé par une journée d’étude : « La guerre de l’eau aura-t-elle lieu ? », le 30 novembre 2014 à l’université d’Angers.
une nouvelle journée d’étude est prévue le 30 novembre à Angers sur le thème: « la guerre de l’eau aura-t-elle lieu? »