Bref aperçu de la longue histoire des Juifs en Roumanie

La Roumanie s’est construite comme Etat-Nation depuis seulement le milieu du XIX e siècle (1), sur des bases identitaires chrétiennes et roumanophones qui ont toujours menacé d’être exclusives. Il est commode, pour renforcer l’unité nationale, pour lutter contre des agresseurs ou miner les aspirations démocratiques, de désigner comme étrangers tous ceux qui ne relèvent pas de ces identités.

La belle synagogue romaniote de Constanza, qui n’avait plus de fidèles, endommagée par un séisme en 1977, a été détruite en

Ainsi, dans un ouvrage publié en français à Bucarest en 1903, La Roumanie et les Juifs, (2) un certain Verax (pseudonyme du politicien antisémite Radu Rosetti), s’acharne en 380 pages multipliant les tableaux statistiques, à contester le droit des Juifs de ce pays à se prétendre Roumains. En conclusion, p. 370 : « Les Juifs doivent se résigner à l’idée qu’ils sont et demeurent des étrangers en Roumanie où ils sont venus sans être appelés et contre la volonté des Roumains »

Pourtant, comme dans tout l’espace de l’ancien empire gréco-romain, la présence juive, dans les régions de la Roumanie actuelle, remonte à l’antiquité et a perduré de manière continue jusqu’à l’époque moderne. 

Empire gréco-romain

Sous l’empire gréco-romain, les Juifs, assez nombreux, circulent en effet librement et leur situation n’est pas affectée par les révoltes de Judée, vues par les Romains comme des insurrections purement locales. Ils sont présents dans les comptoirs génois de la Mer noire er du Bas Danube comme Barilla (Braïla), Caladda (Galati) en Valachie, ou Polychronia (Soroca) en Moldavie. Les traces archéologiques et les inscriptions l’attestant ne manquent pas, par exemple des stèles et des ruines de synagogues à Tomis (Constanza), ou, au bord de la Mer noire, des tombes de légionnaires juifs originaires de Judée recrutés par Trajan .

Ils sont plutôt pauvres, parlent principalement grec, portent souvent des noms romains, n’affichent aucun signe vestimentaire distinctif, et, contrairement aux autres communautés juives, se réfèrent au Talmud de Jérusalem, et non à celui de Babylone.
Si leurs croyances et rites religieux sont respectés par les édiles, des commentateurs et historiens romains de l’époque, comme Tacite, notent cependant avec suspicion l’attrait qu’exerce la pratique juive du shabbat sur les populations voisines. Ce prosélytisme, dont on ne sait s’il était organisé, est cependant largement freiné par l’obligation de circoncision…
Leurs communautés, dites Romaniotes, en partie assimilées par la vague ultérieure d’immigration séfarade, puis décimées par le génocide nazi, ont perduré pendant plus de 2000 ans. Ils parlaient encore, au début du XXème siècle, un dialecte judéo-grec, le Yévanique.

Empire Byzantin et Moyen Age

L’empire byzantin et le Moyen Age sont, dans ces régions, des périodes de troubles marquées par la christianisation du monde gréco-romain, les invasions (Huns,Turcs, Germains, Slaves…), les conflits inter-chrétiens, les croisades, les déplacements de populations et les guerres menées par les grandes puissances voisines qui les convoitent.
Dans ce contexte sans arrêt bouleversé, et le déchainement des croisades dont elles sont les premières victimes, d’autres populations juives fuyant les expulsions et les exactions de pays voisins, arrivent par vagues successives, jusqu’à l’époque moderne, principalement dans les principautés de Moldavie, Valachie et Transylvanie.

Ainsi, au XIVe siècle, ces populations viennent d’Europe Centrale (Pologne, Lituanie, Russie) où les Juifs s’étaient établis depuis deux siècles après avoir été expulsés de France, d’Angleterre, d’Allemagne ou d’Italie. Une partie d’entre eux descendrait d’un royaume Khazar converti au judaïsme (3).
Ces Juifs ashkénazes (originaires d’Europe du nord germanique) parlent yiddish, dialecte judéo-allemand, ont des usages culinaires et des traditions religieuses qui leur sont propres. Contrairement aux Romaniotes, ils se réfèrent au Talmud de Babylone.

La chasse aux hérétiques menée par l’Inquisition espagnole et l’expulsion, en 1492, des Juifs d’Espagne puis du Portugal, amènent dans les régions danubiennes comme dans tout l’empire ottoman de nouvelles populations juives séfarades (originaires de la péninsule ibérique). Ils arrivent eux aussi avec des traditions et des usages culinaires particuliers, parlent le Ladino, langue judéo-espagnole, respectent une liturgie spécifique et, comme les Ashkénazes, se réfèrent au Talmud de Babylone.

A partir du XVIIe siècle, les violences antisémites s’aggravent en Europe centrale : Ainsi, en 1646, entre 50 000 et 100.000 juifs (selon les sources) sont assassinés en Ukraine par les Cosaques Zaporogues (4) ; entre 1654 et 1656, l’invasion de la Pologne par les armées tsaristes donne lieu à de nouveaux massacres ; à partir de 1821 à Odessa les émeutes anti-juives se propagent.
Les juifs ashkénazes, fuyant la Russie, l’Ukraine, la Pologne, l’Allemagne ou la Lituanie se réfugient dans les principautés roumaines sous domination ottomane, où les autorités sont plus tolérantes, et deviennent alors, parmi les communautés juives en pays roumains, les plus nombreux.

Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, les apports successifs de populations juives, malgré les tensions et les exactions, sont dans l’ensemble relativement tolérés : dans des sociétés essentiellement agricoles, ils arrivent avec des savoirs d’artisans (tailleurs, verriers, plombiers…), participent au commerce et contribuent à la formation du tissu urbain.
Le réveil du nationalisme roumain, au milieu du XIXe, met fin à ce fragile équilibre.

Quel est alors le statut  des juifs dans ces régions ?

Sous l’empire ottoman, le pouvoir assure le contrôle des populations dans les territoires soumis par une organisation en millets, communautés religieuses légalement protégées dont il nomme les dignitaires, établis sur une base principalement confessionnelle et en partie linguistique.
Les millets élaborent leurs propres lois, ont leurs propres tribunaux, collectent et gèrent des taxes distinctes. Sous ce régime, les principautés roumaines tributaires du Sultan ont un statut d’Etats chrétiens orthodoxes formant le millet des Rum ; l’église étant la référence identitaire, seuls les orthodoxes peuvent se prévaloir d’appartenir à ces Etats communautaires.
De leur côté, les Juifs romaniotes et séfarades, comme les Musulmans et les Avdétis (convertis à l’Islam), relèvent de la juridiction de l’Empire ottoman, tandis que les juifs ashkénazes, comme les catholiques et les protestants, sont considérés comme des sujets de l’Empire des Habsbourg, de Russie ou des Etats d’Europe dont ils sont originaires.

Quand, à l’époque moderne, se crée l’Etat roumain (toujours vassal de l’empire ottoman) par la réunion des principautés de Moldavie et de Valachie, la constitution de 1866 attribue la nationalité roumaine aux seuls Chrétiens orthodoxes. Les Juifs de Roumanie sont alors considérés comme sujets autrichiens, russes ou ottomans, et ceux qui ne relèvent d’aucun de ces trois empires sont apatrides.

Lorsque l’indépendance de la Roumanie vis à vis de l’Empire ottoman est reconnue par le traité de Berlin en 1878 (qui met fin à la guerre russo-turque), les organisations laïques obtiennent la modification de l’article 7 de la Constitution définissant la nationalité, pour permettre aux non-orthodoxes d’accéder à la citoyenneté roumaine.

Iasi, 1876, violences contre les Juifs

Mais les partis conservateurs xénophobes et antisémites voient d’un très mauvais œil cette ouverture, des violences antisémites paysannes chassent les juifs des villages et se propagent en ville, à Iasi ou Bucarest.
Dans les faits, le droit du sang continue de dominer la législation . La procédure instituée n’est pas celle de l’émancipation – reconnaissance de la nationalité roumaine indépendamment de la religion – mais celle d’une naturalisation individuelle étalée sur dix ans, très chichement accordée (5).
La propriété foncière, certains commerces ou professions comme médecin, juriste ou agent de change, directeur d’école , agent de l’Etat ou des chemins de fer, restent interdits aux Juifs, parfois les écoles et les universités, tandis qu’ils doivent effectuer (ou racheter) un service militaire de trois ans. Considérés comme étrangers, ils peuvent être expulsés et jetés désemparés hors des frontières roumaines.
La plupart sont misérables (6). Ceux qui le peuvent, souvent des artisans, s’organisent pour émigrer en France, en Amérique, en Egypte ou en Palestine.
(illustration de cette immigration vers la France en 1880  « Juifs, Roms : histoire croisée« ).

Dans les activités de banque et de commerce, une bourgeoisie juive a pu se constituer pendant les années d’essor économique. Mieux intégrée, urbaine, éduquée, elle fait ce qu’elle peut dans le cadre des sociétés d’entraide mais est aussi la cible de la vindicte antisémite. L’Alliance israélite universelle de Paris, créée en 1860, et d’autres organisations philanthropiques européennes ou américaines tentent également d’apporter un soutien.

Famine : en 1907, des paysans en détresse aux portes de Braïla

La misère n’est pas seulement juive : dans les campagnes roumaines, sécheresse et disettes suscitent, comme en 1907, de violentes révoltes paysannes que l’armée réprime dans le sang, tandis qu’est pointé du doigt l’éternel bouc émissaire juif.

En 1923 cependant, sous la pression de ses alliés occidentaux (7), la Roumanie, agrandie de la Transylvanie et de la Bucovine, se dote d’une nouvelle constitution dont l’article 133, inspiré du droit du sol, élargit théoriquement la nationalité roumaine à tous les résidents, indépendamment de leurs origines, langues et religions.
Cependant l’hostilité de l’église, des milieux traditionalistes et ruraux à l’égard des Juifs s’accentue ; dès le début des années trente, comme dans d’autres pays, des violences antisémites éclatent dans les villes, des règlements communaux entravent la portée de la loi.

La Shoah en Roumanie

Dans le contexte perturbé des années qui mènent à la seconde guerre mondiale, (troubles intérieurs, guerres des Balkans, première guerre mondiale, tracé des frontières contesté…), le déchaînement d’un nationalisme xénophobe et l’arrivée au pouvoir du dictateur fasciste Ion Antonescu, allié de l’Allemagne nazie, ne laissent guère d’illusions sur le sort des Juifs en Roumanie.
L’essor économique et industriel interrompu par la crise des années 30, le développement d’une bourgeoisie « moderne » comprenant des Juifs intégrés, alors que la situation des paysans et des ouvriers reste misérable, exacerbent les tensions sociales dont les Juifs font les frais. Des partis d’extrême droite ou violemment antisémites comme la Garde de fer sont portés au pouvoir..

Dès 1937, 120 000 Juifs se voient retirer la nationalité roumaine par le gouvernement nationaliste Goga qui décide aussi de nouvelles exclusions professionnelles ou universitaires, touchant de surcroit les marranes convertis, et l’interdiction de mariages mixtes.

En 1940, la France est défaite et Hitler impose ses « arbitrages ». La Roumanie, précipitamment ralliée à l’Allemagne mais dont la neutralité initiale a déplu, se voit amputée de la Bessarabie et d’une partie de la Bucovine par la Russie de Staline, de la Transylvanie du nord par la Hongrie, de la Dobroudja du Sud par la Bulgarie ..
De ce fait, une grande partie des Juifs de ce qui était la grande Roumanie va passer sous tutelle russe, hongroise ou bulgare et leur sort dépendra d’abord des autorités de ces pays.

Ainsi, 80 % de la population juive (120 000 sur 150 000) de Transylvanie est livrée aux camps d’extermination par la Hongrie fasciste de l’amiral Horty .

Les Juifs de Bessarabie et de Bucovine, soumis aux exactions de la Garde de fer lorsque ces provinces sont réclamées par l’Union soviétique, ne sont pas inquiétés en tant que tels par Staline ; mais lorsque Hitler envahit l’Union soviétique, les troupes roumaines vont pénétrer dans ces territoires et commettre à une grande échelle des massacres de Juifs particulièrement atroces. Parmi les exactions, le pogrom de Iasi, commis le 27 juin 1941 par la légion roumaine aidée par l’armée allemande et par la population, marque les mémoires (8), comme les massacres d’Odessa durant lesquels environ 115 000 Juifs et 15 000 Roms, déportés de toute la Roumanie, sont assassinés en octobre 1941.
Déportations en Transnistrie (région d’Ukraine octroyée finalement par Hitler à la Roumanie pour ses bons services contre l’URSS), pogroms sporadiques, au total la moitié des 320 000 juifs de Bessarabie, de Bucovine, et du district moldave de Dorohoi , ont été assassinés ou n’ont pas survécu aux conditions de détention dans les mois qui ont suivi l’entrée en guerre de la Roumanie.

Dans les territoires restés roumains, en Moldavie, en Valachie et dans la partie non occupée par la Hongrie de la Transylvanie, les pillages, les exactions et les massacres ont été nombreux, perpétrés par la Garde de fer; ainsi, à Bucarest, en janvier 1941 un pogrom mené par les légionnaires livre les Juifs de la ville aux exactions, aux supplices et aux assassinats tandis que les magasins ou les appartements sont pillés et les synagogues incendiées (9).
Cependant, dans cette Roumanie du « Vieux Royaume » les Juifs ne sont pas soumis aux processus massifs d’extermination décidés par l’Allemagne nazie et mis en œuvre dans les autres régions :
La conférence prévue à Berlin du 26 au 28 septembre 1942 pour organiser la déportation par chemins de fer de 280 000 Juifs de Moldavie et de Valachie vers le camp de Belzec est volontairement ignorée par les autorités roumaines, et le 10 octobre 1942, l’ordre de déportation des 40 000 Juifs de Transylvanie du sud est annulé par Antonescu le jour prévu. (10)

Ce revirement d’attitude a sans doute plusieurs causes : par fierté nationale, il déplait aux Roumains de plier devant les ordres sans appel des dignitaires nazis ; Antonescu hésite, interpelé par plusieurs personnes influentes comme le métropolite orthodoxe Balan, la reine Hélène ou le nonce apostolique Cassulo lui demandant de ne pas livrer « leurs » Juifs.
Les sommes très importantes versées par le baron Neumann ou les Juifs de Transylvanie à des institutions proches du pouvoir ont-elles adouci les coeurs, les esprits ont-ils été remués par l’horreur des massacres, la crainte d’une défaite de l’Allemagne à Stalingrad a-t-elle été déterminante ?
En tous cas les déportations prévues n’ont pas eu lieu et le vice président du gouvernement déclare en novembre 1942 à l’envoyé d’Hitler «Je préfère taxer les riches plutôt que de massacrer ou de m’en prendre aux pauvres….» (11).
Il n’est certainement pas dans les intentions d’Antonescu de sauver les Juifs, mais plutôt de garder la main sur des ressources à exploiter ou à négocier.
Avec des nuances et des aménagements en fonction du statut individuel obtenu, les exactions, les discriminations, les interdictions professionnelles, scolaires et universitaires, la « roumanisation » des biens, les expropriations, les taxes et le travail forcé restent le lot des populations juives, mais une partie d’entre elles échappe ainsi aux camps d’extermination.

En août 1944 Antonescu est renversé à la fois par le camp des opportunistes politiques et aussi par le combat d’opposants humanistes et de résistants courageux. La Roumanie rejoint alors le camp des Alliés, les mesures discriminatoires sont abolies.
A la fin de la guerre, 320 à 380 000 Juifs (selon les sources) ont péri, soit 43 à 47 %  de la population d’avant la guerre. Cette proportion, pourtant terrible, est cependant bien moindre que dans les autres pays du centre et de l’est de l’Europe.

La Roumanie est devenue un pays sans Juifs

Elle comptait en 1930 plus de 750.000 juifs (4,2 % de sa population), le recensement de 1951 en dénombre 356 237, elle n’en compte plus que quelques milliers aujourd’hui (entre 7 700 et 15 000, selon les sources et la manière compter).

De 1947 à 1950 le régime communiste fait payer le droit d’émigrer à ceux qui le souhaitent, qu’ils soient Juifs, Allemands ou Grecs de Roumanie. Les Juifs partent massivement, surtout vers Israël, la France et les Etats-Unis. Israël a accueilli 161 000 Juifs venant de Roumanie et 36 000 venant des régions ex-roumaines de l’URSS.
Au fil des années, la population juive de Roumanie n’a cessé de s’amenuiser, jusqu’à sa presque disparition aujourd’hui.

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Notes

(1) Par le Traité de Paris en 1858, reconnaissance de l’indépendance des Principautés Unies de Moldavie et de Valachie érigées en un Etat unique.

(2) Verax, La Roumanie et les Juifs,1903
consultable dans le catalogue de la BNF

(3) Les Khazars sont un peuple semi-nomade turc d’Asie centrale ; Au VIIe siècle, ils s’établissent en Ciscaucasie aux abords de la mer Caspienne où ils fondent un royaume. À la fin du VIIIe ou au début du IXe siècle, l’élite khazar, et peut-être une partie de la population, se serait convertie au judaïsme. L’étendue, voire la réalité, de cette conversion reste débattue par les historiens,
cf Wikipédia Khazars

(4) Au cours d’une rébellion des Cosaques d’Ukraine contre la Pologne-Lituanie, les Juifs, accusés d’être liés à la noblesse polonaise, furent massacrés par les Cosaques. Le nombre de juifs tués durant cette période varie selon les sources. 50 à 60 000 selon l’historien Henri Minczeles, de 80 à 100 000 selon l’historien Tcherikower1.
Cf Wikipédia Soulèvement de Khmelnytsky

(5) La Roumanie élargie de l’après 1ère guerre mondiale compte environ 750 000 Juifs, soit à peine plus de 4 % de sa population ; avec l’intégration des nouvelles provinces, où des Juifs pouvaient relever d’un statut différent, et les mesures administratives prises en 1919, environ 50 000 d’entre eux ont pu accéder à la citoyenneté roumaine., parmi lesquels 12 000 Séfarades et Romaniotes.

(6) Lorsqu’en 1902 Bernard Lazare entreprend une enquête sur la situation des Juifs en Roumanie, il décrit dans un livre très documenté les discriminations et les exactions dont ils sont victimes, et la misère dont il est témoin. 30 ans plus tard le journaliste Albert Londres, en reportage en Transylvanie, décrit une situation qui n’a fait que s’aggraver.
Cf Bernard Lazare, Les Juifs en Roumanie, Editions des Cahiers de la Quinzaine (1903)
Albert Londres, Le Juif errant est arrivé, (1929)

(7) A la suite des guerres de 14-19 menées aux côtés des Alliés, la Roumanie s’agrandit de divers territoires, mais doit signer, en 1919, un traité l’engageant « à accorder à tous les habitants pleine et entière protection de leur vie et de leur liberté sans distinction de naissance, de nationalité, de langage, de race ou de religion ».
Cf Carol Iancu, L’émancipation des juifs de Roumanie, p. 293

(8) Le pogrom de Iasi, commis le 27 juin 1941 par les troupes roumaines aidées par la population, marque les mémoires  : plus de 8000 hommes, femmes et enfants sont extirpés de leurs maisons et tués sur place tandis que le pillage s’étend ; puis les autorités roumaines en arrêtent 5 000 autres et les entassent sans eau ni nourritures dans des wagons à bestiaux à destination du sud de la Roumanie. A l’arrivée, 8 jours plus tard, 1011 seulement d’entre eux arrivent à destination vivants. Au total près de 10 000 Juifs ont été assassinés en quelques jours.
Cf Wikipédia Pogrom de Iasi, 27 juin 1941
Radu Ioanid, La Roumanie et la Shoah, pp 83-118

(9) cf Radu Ioanid, La Roumanie et la Shoah, pp 69-81
Mathias Carp, Le livre noir…, pp.142-168

(10) Alexandre Safran, ancien grand rabbin de Roumanie, a raconté les circonstances dans lesquelles il a pu convaincre le métropolite Balan, chef religieux pourtant antisémite des orthodoxes, d’agir pour empêcher, in extremis, la déportation des 40 000 Juifs de la Transylvanie du sud restée roumaine.
In Carol Iancu, Permanences et ruptures… pp 177-182

(11) idem, p. 306
D’après Raoul Hilberg (p. 687), Antonescu aurait d’ailleurs envisagé de laisser 75 à 80 000 Juifs émigrer en Palestine moyennant une forte indemnité.

Sources

Matatias Carp, Cartea neagra – Le livre noir de la destruction des Juifs de Roumanie 1940-1944, Denoel, 2009

Matei Cazacu, La disparition des Juifs de Roumanie, Matériaux pour l’histoire de notre temps Année 2003 71 pp. 49-61, sur persée

Mireille Hadas-Lebel, Rome, la Judée et les Juifs, éditions A. et J. Picard, 2009.

Raul Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe, Fayard, 1988

Carol Iancu, Les Juifs en Roumanie, (1866-1919), de l’exclusion à l’émancipation, Editions de l’université de Provence, 1978

Carol Iancu, L’émancipation des juifs de Roumanie (1913-1919), Université Paul Valéry à Montpellier, 1992

Carol Iancu (dir), Permanences et ruptures dans l’histoire des Juifs de Roumanie (XIXe-XX siècles), Université Montpellier III, 2004

Radu Ioanid, La Roumanie et la Shoah, Editions de la Maison des sciences de l’homme, 2002

Cazacu Matei. La disparition des Juifs de Roumanie. In: Matériaux pour l’histoire de notre temps, n°71, 2003. Les peuples des Balkans face à l’histoire et à leur histoire. pp. 49-61; (sur Persee)

Akadem Les Juifs de Roumanie

Wikipedia
Histoire des juifs en Roumanie
Shoah en Roumanie
Coup d’État de la Légion et pogrom de Bucarest
Millet (empire ottoman)
Statistiques de Juifs par pays 
Juifs

Yad Vachem  / Shoah: Le massacre des Juifs de Roumanie

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1 réponse à Bref aperçu de la longue histoire des Juifs en Roumanie

  1. Charlotte Nacher dit :

    Merci pour ce résumé détaillé de l’histoire juif en Roumanie et dans d’autres pays de l’Europe de l’est. Très instructif mais tragique et incompréhensible .
    Que la discrimination, les préjugés et les actes haineuses contre un peuple qui enrichit un pays sur le plan économique, artistique, scientifique et dans bien d’autres domaines perdurent au 21eme siècle est inadmissible et contreproductif . Ceux qui entretiennent ces préjugés font preuve d’une grande ‘ignorance. Il faudrait que les gouvernements et les enseignants soulignent cette histoire tragique mais aussi mettent en évidence la valeur historique et actuelle du peuple juif pour la société.

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