Des solidarités envers les migrants et réfugiés (1)

Avril 2017 : court séjour en Italie, dans les Pouilles. Nous y avons croisé, le long des routes ou dans les petites villes, des Africains à pied, en petit groupe ou seuls, avec un petit bagage. L’Italie est en effet un des pays de première arrivée de migrants venus d’Afrique par la mer, via la Lybie. A condition que ces femmes, hommes et enfants puissent y arriver, après un voyage en mer des plus périlleux, sans parler du passage par la Lybie qui semble l’être au moins autant.

A notre retour, bien qu’Italie et France fassent partie de l’espace Schengen, contrôle par la police des frontières à l’aéroport. La France, comme d’autres pays européens, l’a en partie rétabli, en principe à titre provisoire.

L’Italie est un des exemples de ces pays aux frontières de l’Europe, où arrivent les migrants qui, s’ils veulent demander l’asile, doivent le demander dans ce premier pays d’arrivée. C’est le règlement européen Dublin III dont de nombreuses associations demandent la suppression. Détectés en tant que « dublinés » dans tout autre pays, dont la France, leur demande d’asile et les droits qui vont avec ne seront pas pris en compte. Ils doivent, en principe, retourner dans le premier pays d’entrée pour faire la demande. C’est, de la part des gouvernements, faire preuve de beaucoup d’hypocrisie et d’un grand déficit de solidarité et de partage !

Cela à titre d’exemple des situations inextricables, angoissantes et souvent dangereuses auxquelles sont confrontés les migrants (voir un précédent article).

Face à ces multiples problèmes la solidarité de citoyens, via des associations ou à titre individuel, s’organise et tente de s’amplifier.

  • Des solidarités juridiques : aide à la constitution des dossiers de demande d’asile ou de titre de séjour, accompagnement à la Préfecture ou à l’OFPRA (office français de protection des réfugiés et apatrides), présence aux audiences du Juge des libertés et de la détention qui statuent sur la mise en rétention ou non des migrants en menace d’expulsion du territoire, etc… Pour avoir participé à certaines de ces actions, je peux souligner le découragement qui peut saisir face aux difficultés de régularisation ou d’asile, et la colère face à un tel refus d’accueil.
  • Des solidarités dans le domaine de la santé : l’AME (aide médicale d’état) dans le domaine public que certains candidats à la Présidentielle voulaient supprimer, des prises en charge médico-psycho-sociales par le COMEDE (comité médical pour les exilés), des consultations gratuites par des ONG comme Médecins du monde. , etc…
  • Des collectifs de sans-papiers s’organisent, au plan local et en se fédérant, regroupant migrants et citoyens (voir liste tenue par le Gisti).
  • Des communes se sont portées volontaires, au-delà d’une répartition obligatoire gérée par l’Etat, pour accueillir des réfugiés, souvent boostées par des initiatives citoyennes.
  • Des associations, dont certaines créées par des étudiants (par exemple l’association inFLEchir) aident de jeunes réfugiés à poursuivre leurs études en France (cours de Français, aide aux inscriptions…). Voir aussi, dans ce blog, l’article de Reine sur son expérience.

La question est de savoir si, au-delà de ces solidarités citoyennes, et peut-être poussée par celles-ci, l’Union Européenne est capable d’enfin mettre en place un accueil organisé et juste, avec des répartitions équitables entre chacun de ses états membres.

A noter aussi que malheureusement, dans certains cas et de manière assez aléatoire, certaines formes de cette solidarité ont pu être considérées comme un délit : hébergement de personnes sans-papiers, protestation contre la mise de force d’un sans papier dans un avion, ligoté et bâillonné, et dernièrement ceux qui aidaient des réfugiés à la frontière franco-italienne de Vintimille… Voir à ce sujet le dossier du Gisti et l’organisation de solidarités avec les solidaires !

Note :

  1. On parle de réfugiés pour les demandeurs d’asile acceptés sur le territoire. Le terme migrants est un terme plus général. Voir le site de la CIMADE.
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