Film réalisé par Zar Amir Ebrahimi et Guy Nattiv avec Arienne Mandi, Zar Amir Ebrahimi. Sorti en France en septembre 2024.
Dès le début, on plonge directement dans l’ambiance oppressante du film : un format carré, sans échappatoire, une caméra très près des corps et des combats, un noir et blanc tranché. On se retrouve tout au long du film dans cette alternative : faut-il refuser de combattre ou aller au bout du match ?Il s’agit en effet d’un championnat de judo à Tbilissi, en Géorgie, où l’on suit une jeune Iranienne, Leïla[1], et son entraîneuse, Maryam, ex championne de judo elle-même. Au-delà de ces deux personnages, il y a en arrière-plan, au bout du téléphone, les politiques islamistes iraniens qui pilotent.
À un moment donné, ils ordonnent à Leïla, par l’intermédiaire de Maryam, de simuler une blessure et de perdre, pour que la représentante iranienne n’ait pas à affronter la représentante du pays ennemi qu’est Israël, favorite du championnat. De celle-ci, on ne saura rien.
Face à une pression énorme et à un chantage direct exercé sur sa famille, Leïla hésite bien sûr. Maryam, dont on apprend plus tard qu’elle a elle-même dû affronter une telle épreuve, ne voit pas d’autre alternative que de céder, mais se trouve in fine entraînée par Leïla dans son désir de continuer le combat : un combat sportif mais aussi un combat devenu politique, qui les engage toutes deux dangereusement.
Ajoutons que ce film a été réalisé par une Iranienne, Zar Amir Ebrahimi, actrice jouant le rôle de Maryam, et un Israélien, Guy Nattiv. Il a été tourné en Géorgie. Dans leur note d’intention sur Tatami, les réalisateurs déclarent : « Nous avons voulu faire de cette collaboration artistique et cinématographique un hommage à ces artistes et athlètes, et à tous ceux qui se battent pour dépasser la folie de la haine aveugle et du désir de destruction mutuelle, et qui, en dépit des épreuves, aspirent à bâtir un avenir ensemble. »
Le film s’inscrit aussi bien sûr dans la lutte, si courageuse, des femmes iraniennes contre le régime.
Bref, si vous en avez l’occasion, allez voir TATAMI.
[1] Pour le personnage de Leïla, les réalisateurs se sont inspirés notamment de Kimia Alizadeh, championne iranienne de taekwondo qui a fui le régime. Kimia Alizadeh, qui évolue, aujourd’hui, sous le drapeau bulgare, médaillée de bronze au dernier jeux olympiques, a été enlacée sur le podium par Nahid Kiani, médaillée, elle, pour l’Iran.