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Israël entre chaos régional et défis intérieurs. C’est le titre du dernier et intéressant colloque organisé par JCall le 10 avril dernier.
La matinée, consacrée à la situation du Proche Orient, a tenté de repérer dans l’analyse des rapports de force et des stratégies des différents acteurs, ce qui pouvait contribuer à rétablir la paix dans la région et entre Israéliens et Palestiniens.
Exposés de Hubert Védrine (ancien ministre des Affaires étrangères), Bernard Rougier (université de Paris 3), Kendal Nezan (directeur de l’Institut Kurde de Paris) et Amiram Levin (général de réserve de l’armée israélienne).
Le constat fut assez amer : chaos régional installé pour longtemps, gouvernement israélien le plus à droite de son histoire, Palestiniens sans espoir, désengagement des Etats-Unis et de l’ Europe . Les anciennes alliances régionales se sont effondrées et la transformation de conflits politiques en conflits religieux constitue une menace supplémentaire et entrave encore davantage la recherche d’alliances pour un nouvel équilibre régional.
La seule perspective, plutôt mince, reste l’initiative française d’une conférence prévue le 3 juin à Paris, en présence de John Kerry mais sans la participation des Israéliens ni des Palestiniens. Elle rassemblera l’Union Européenne, l’ONU et les ministres des affaires étrangères d’une vingtaine de pays. L’objectif annoncé : définir un cadre « qui permettrait aux Israéliens et aux Palestiniens de se retrouver à la table des négociations ».
L’après-midi ne fut pas plus optimiste. Qu’est-ce qui peut faire bouger une société israélienne finalement assez satisfaite de sa bonne situation économique et de sa relative tranquillité ? Des ONG se battent pour défendre la démocratie et les droits humains, mais l’opinion de gauche est devenue très minoritaire.
Exposés d’Elie Barnavi (ancien ambassadeur d’Israël), Talia Sason (juriste, présidente du New Israël Fund), Mossi Baz (député du parti Meretz), Ilan Paz (général de l’armée israélienne). Ils ont dénoncé la poursuite de la colonisation, qui accroît la menace terroriste et la peur, et l’érosion continue du caractère démocratique de la société israélienne. Le gouvernement de Netanyahou se coupe peu à peu de ses alliés dans le monde et même d’une partie des juifs américains et européens, inquiets de l’évolution d’Israël.
Quel processus peut aboutir à la création d’un Etat palestinien ? Pour certains intervenants, seuls des événements ou des pressions extérieurs à la société israélienne peuvent modifier la situation intérieure ou la stratégie du gouvernement et obliger à un changement de politique.
Compte rendu des interventions de la journée sur le site de JCall
Quelles perspectives peuvent être ouvertes par la conférence internationale prévue en juin à Paris ?
Benjamin Netanyahou vient de signifier à Manuel Valls, en visite à Jerusalem, son refus catégorique de l’initiative française, mais son gouvernement se fissure : sa politique et sa position de plus en plus arrogante font réfléchir certains dirigeants lucides, en particulier au sein de l’armée. Ainsi le ministre de la défense israélien, Moshe Yaalon, a annoncé vendredi 20 mai, dans un communiqué, qu’il avait présenté sa démission : « A ma grande tristesse, des éléments dangereux et extrémistes ont pris le contrôle d’Israël et du Likoud, ils déstabilisent notre maison et menacent ses habitants ».