Partager la publication "La situation en Israël, rencontre Paix Maintenant"
Lundi 14 décembre, au Cercle Bernard Lazare, à 20H30,
Le point de la situation en Israël, notamment à Jérusalem
– Anat Ben Nun, responsable du développement et des relations exterieures de Shalom Akhshav (Paix Maintenant Israël)
– Daniel Seidemann, avocat israélien, fondateur de Terrestrial Jerusalem, expert internationalement reconnu concernant Jérusalem
Atmosphère morose. Public un peu moins nombreux que d’habitude (environ 50 personnes) commentant en aparté, avant l’arrivée des conférenciers, les résultats des élections en France et l’attentat du jour en Israël. Rencontre introduite par Ilan Rozenkier, président de Paix Maintenant France.
Daniel Seidemann a dressé un tableau très pessimiste de la situation israélo-palestinienne, et particulièrement de la situation à Jérusalem. En l’absence de perspectives de paix et même de négociations, les Palestiniens sont désespérés. Les 15-18 ans sont nombreux à se mobiliser, souvent au prix de leur vie. Qu’est-ce qui peut amener à négocier un gouvernement qui manifestement n’en a pas l’intention ?
Le changement ne viendra pas d’abord de la société israélienne, complètement aveugle à la poudrière à laquelle elle est exposée. Jérusalem est assise sur un volcan et les habitants vaquent tranquillement à leurs occupations.
Il ne faut pas trop compter non plus sur les Etats-Unis qui semblent, devant les échecs rencontrés, reléguer le conflit israélo-palestinien à l’arrière plan.
Actuellement La gauche israélienne paraît compter davantage sur l’Europe et les états européens pour faire bouger les lignes et relancer des négociations pour le création d’un Etat palestinien. Ainsi, l’obligation d’étiquetage imposée par l’Union européenne n’a pas beaucoup d’impact économique, mais une forte charge symbolique.
Aussi Daniel Seidemann s’emploie-t-il à faire du lobbying auprès des décideurs politiques européens au plus haut niveau et il a bon espoir que d’ici quelques mois des décisions importantes seront annoncées pour obliger à des négociations. Ces mesures pourraient aussi avoir un effet de choc sur la société israélienne et amener ses fractions progressistes à se mobiliser.
Anat Ben Nun a réaffirmé que la seule issue possible au conflit s’exprimait dans la formule « Deux peuples, deux Etats », malgré les très grandes difficultés de cette solution et les obstacles accumulés par le gouvernement Netanyahou. Il n’y a pas d’autres issues possibles et il faut que les deux parties soient prêtes à des concessions. Actuellement malheureusement, Shalom Akhshav ne peut mobiliser suffisamment de forces dans la société civile pour faire reculer le gouvernement. Cette organisation à créé un observatoire de la colonisation qui met au jour le développement des implantations en Cisjordanie et à Jérusalem Est et publie régulièrement des cartes, consultées par de nombreuses instances politiques internationales. (cf Map of the West Bank Settlements)
Elle propose aussi des analyses ou des mots d’ordre qui sont souvent repris par d’autres organisations. Ainsi l’importante manifestation menée par différentes organisations progressistes, marquant l’anniversaire de l’assassinat d’Yitzhak Rabin et qui a réuni plus de 100 000 personnes, a eu comme point de départ une initiative de Shalom Akhshav.
Cela prouve tout de même que des forces existent, qui pourraient se mobiliser et s’accroître dans une dynamique réveillée par des pressions et des événements extérieurs.
Sur le site de Paix Maintenant France, l’éditorial d’Ilan Rozenkier « 2015… annus horribilis » pointe les dérives de plus en plus inquiétantes du gouvernement israélien. Mais, malgré la tristesse, soutenir les forces de paix et ne pas céder au découragement !
Le problème, avec LPM, outre le fait que LPM Israël est autrement plus engagé à gauche que les militants de LPM France pour ce que j’en ai vu, est que s’ils sont partisans d’une solution à deux états, ce n’est jamais au nom du droit attendu des Palestiniens à vivre dignement, mais au nom de la « judaïté » d’un Israël démocratique qu’il leur faut préserver. Cela n’en fait pas forcément des partenaires crédibles, notamment sur la question d’une Jérusalem qu’il faudra bien faire devenir binationale pour que le moindre plan de paix puisse fonctionner.
Amitiés à vous quatre,
Hervé
Certes, le point de vue est plus judéo-centré qu’en référence à une éthique universelle, mais il permet peut-être un soutien plus large et plus efficace à un processus de paix (même si celui-ci paraît bien compromis…).
Je m’étonne toujours que le plus urgent, à l’extrême gauche, soit de dénoncer le positionnement de La Paix Maintenant (nullement abordé dans le billet), plutôt que d’apprécier l’invitation à Paris, dans une réunion publique, de militants qui mènent une action courageuse sur le terrain et prennent des risques dont ils paient souvent le prix. Défendre la démocratie pour tous contribue à la défense des intérêts des non-juifs israéliens et des palestiniens.