Partager la publication "Les Refuzniks de l’unité de renseignement 8200"
Par maclarema le jeudi 9 octobre 2014, 07:51 – Israël-Palestine
Rédigé par Reine.
Base de l’Unité 8200, centre d’Israël
Le 12 septembre 2014, 43 anciens d’une unité d’élite du renseignement israélien ont publié, dans le quotidien Yediot Aharonot, la lettre qu’ils avaient auparavant envoyée au Premier ministre et au chef d’état-major. Ils y affirment leur refus d’accomplir leur service de réserve pour raisons morales. Car ils estiment que leur mission ne se contente pas de protéger légitimement Israël des attaques ennemies, mais vise aussi à pérenniser l’Occupation des Territoires palestiniens en exerçant un contrôle sans bornes de la population occupée. (voir la critique du film Bethléem et nos articles sur les conséquences de l’Occupation)
Ces « cyber-soldats » refusent de collecter par écoutes des renseignements d’ordre privé sur des Palestiniens, informations qui permettent ensuite d’exercer un chantage pour recruter les informateurs palestiniens de l’armée.
Et ils appellent tous les soldats de cette unité et plus largement leurs concitoyens à s’élever contre ces abus, puisque pour eux la prolongation de la colonisation n’a aucun rapport avec la sécurité nationale.
Cette action, commencée bien en amont de l’opération Bordure protectrice à Gaza en juillet, a suscité de violentes réactions en Israël, chez les vétérans de cette unité, au Gouvernement et dans la droite, et a reçu peu d’encouragement à gauche. Le 13 septembre, un journaliste du quotidien de gauche Haaretz, Barak Ravid, va même jusqu’à déplorer le manque de courage de ces réservistes qui n’ont pas signé la lettre et ne donnent pas d’exemples précis des dysfonctionnements constatés. En même temps une députée du Meretz, parti radical de gauche, Zehava Gal-on, a déclaré que « les frondeurs ont agi avec courage » et l’éditorialiste du Haaretz, le 15 septembre, écrit : « Ecoutons les objecteurs de l’unité 8200 : ce qui pourrait provoquer une tempête publique, ce n’est pas l’acte de refus des réservistes, mais plutôt les pratiques qui l’ont créé ». Listen to the Unit 8200 objectors
Alors pourquoi relater ici cet évènement?
D’abord parce qu’il s’inscrit historiquement dans la continuité des actions de Refuzniks qui, depuis la guerre au Liban de 1982 (création de l’ONG Yesh Gvul), publient des tribunes dénonçant les différentes occupations (voir sur notre page d’accueil les Forces de paix en Israël/organisations de soldats : Combatants for peace, Courage to refuse, Breaking the silence, Yesh Gvul).
Ensuite parce que, même si ces méthodes existent dans tous les services de renseignements, même si les arguments présentés anonymement ont pu paraître flous et quelque peu excessifs y compris à la gauche, cette lettre, par le retentissement qu’elle a eu dans les médias israéliens et internationaux, a le mérite de relancer le débat sur l’Occupation des Territoires, alors même que le gouvernement continue le grignotage de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est et que la société juive israélienne fait bloc autour de son armée surtout après ces temps de guerre à Gaza et reste très silencieuse sur ce qui se passe dans les Territoires.
Références :
Lettre des Refuzniks traduite dans un article du journal Libération du 12 septembre 2014