On a beaucoup parlé du règne de Napoléon à l’occasion du bicentenaire de sa mort en 1821. Nous avons voulu nous pencher sur sa politique vis-à-vis des Juifs.
Rappel : L’acquisition de la citoyenneté par les Juifs de France
Le 27 septembre 1791, après de nombreux débats, l’assemblée constituante accorde la citoyenneté aux Juifs de France (1). Ils deviennent ainsi les premiers Juifs émancipés en Europe. Toute discrimination légale à leur égard est supprimée : nécessité d’autorisation de résidence, d’autorisation de mariages, interdiction de tel ou tel métier, impôt spécifique…
Cela concerne environ 40 000 personnes : 20 000 à 25 000 en Alsace, 2 000 à Metz et 1 500 dans le pays messin, 4 000 en Lorraine, 2 300 à Bordeaux, 1 000 à 1 200 vers Bayonne, 2 500 à Avignon et dans le Comtat Venaissin, 500 à Paris. Cela entrainera peu à peu pour eux un bouleversement social important qui leur permettra de sortir d’une très grande précarité, sans que l’antisémitisme auquel ils étaient confrontés ne disparaisse. L’affaire Dreyfus en sera un siècle plus tard un dramatique exemple.
La Terreur, avec sa politique antireligieuse, apportera elle-même au cours de la dernière décennie du 18ème siècle son lot d’exactions : fermeture de synagogues, interdiction de pratiquer le culte, on inquiète les notables juifs. Mais la citoyenneté reste acquise.
Voici l’état général avant le Directoire puis l’entrée en scène de Bonaparte suite au coup d’état du 18 brumaire an VIII (9 novembre 1799).
La politique de Napoléon vis-à-vis des Juifs
Si la citoyenneté n’est pas remise en cause, on assiste sous Napoléon à la fois à des avancées au point de vue de l’organisation du culte et du lien du judaïsme avec l’Etat et un retour brutal à des discriminations que la Révolution avait abolies.
L’acquisition de la citoyenneté avait totalement modifié le rapport des Juifs à la communauté juive. D’un lien contraint, on passe à un lien choisi, qu’il reste à organiser (2).