Richard Malka, né en 1968, est un avocat spécialiste du droit de la presse. Il est aussi scénariste de bandes dessinées et romancier. Il débute en 1992 au cabinet de Georges Kiejman (ministre sous la présidence de Mitterand), qu’il assiste en 2007 comme défenseur du journal Charlie Hebdo dans le procès dit « des caricatures de Mahomet », intenté par le CCIF*, la Mosquée de Paris et l’UOIF*. Il devient leur avocat et se lie d’amitié avec ses membres, en particulier Charb à qui il rend hommage en épilogue de son livre. Depuis 2020, il défend Mila, une jeune femme harcelée et menacée de mort sur les réseaux sociaux pour avoir tourné l’Islam en dérision.
Son essai le Droit d’emmerder Dieu reçoit le prix du Livre politique, décerné par un comité de journalistes, en 2022. Il s’agit de la transcription écrite raccourcie de sa plaidoirie au procès (du 2 septembre au 16 décembre 2020) des attentats des 7, 8 et 9 janvier 2015. Au jour 48 de ce procès ponctué par d’autres attentats (25 septembre devant les anciens locaux de Charlie Hebdo, 16 octobre contre l’enseignant Samuel Paty, 29 octobre dans la basilique Notre-Dame de Nice), l’avocat, qui défend non les parties civiles mais la personne morale du journal, plaide haut et fort pour la liberté d’expression, « mère de toutes les libertés » selon Mirabeau, revendiquée par les philosophes des Lumières, inscrite dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen en 1791* (avec la suppression du délit de blasphème dans le nouveau code pénal), concrétisée en 1881 avec la loi sur la liberté de la presse*, seule capable de nous assurer un avenir collectif pacifié. La liberté de critiquer les idées et les croyances par la satire, la caricature (sans critiquer les personnes) est un héritage civilisationnel précieux, arraché de haute lutte à l’Etat et à l’Eglise et symbolisé par la loi sur la laïcité de 1905. Y renoncer c’est renoncer à notre histoire universaliste, où le droit l’emporte sur la force, la raison sur la croyance. Continuer la lecture