Les bloggeuses de Maclarema ressentent, comme tous leurs concitoyens français, une peine et une colère immenses devant les attentats djihadistes du vendredi 13 novembre, malheureusement prévisibles et faisant suite à ceux de 2012 à Montauban et Toulouse, puis de janvier 2015 contre Charlie Hebdo, une policière de Montrouge et l’hypercasher de la Porte de Vincennes, sans oublier les autres attentats commis dans le monde entier*.
Rien ne peut expliquer sous un seul prisme ces atrocités et encore moins les justifier, ni explication socio-économique ni argument religieux. Il s’agit là d’actions terroristes à caractère fasciste et cette fascination incoercible que ces meurtriers ont pour la mort renvoie à d’autres fascismes plus anciens, comme par exemple les phalanges franquistes défilant aux cris de « Viva la muerte ».
Certains observateurs ont remarqué que lorsqu’on s’attaque aux juifs d’un pays, c’est souvent l’annonce de désastres plus larges. Ce postulat se vérifie aujourd’hui en France : à Toulouse et à Vincennes on cible des juifs parce que juifs, à Montauban des militaires français parce que français (même et peut-être surtout s’ils sont de confession musulmane), à Paris on cible des libres-penseurs de la presse, à Montrouge une policière pour les mêmes raisons que les militaires.
A Paris ce vendredi 13 novembre on a ciblé la jeunesse libre, des femmes et des hommes de toutes origines culturelles, morts ensemble, au motif insupportable qu’ils aimaient, pêle-mêle, le divertissement, la musique, l’amitié, la liberté. C’est cette mixité joyeuse qui a été visée.
Maclarema depuis sa création réfléchit à sa manière sur les injustices d’ici ou d’ailleurs, la montée des racismes, des exclusions, sur la façon dont l’absence de dialogue entre Israéliens et Palestiniens s’expatrie chez nous et crée de la tension parfois très violente entre des Français juifs et musulmans, surtout dans certains lieux sensibles.
Il nous faut continuer de penser, de résister à la haine qui prend corps dans notre pays et se traduit par exemple par des sondages de plus en plus favorables au Front national . Nous ne cachons pas qu’il nous arrive, comme à tous nos lecteurs, d’être découragées par l’impasse israélo-palestinienne, la montée d’un terrorisme islamiste mondialisé qui émerge et tue sur tous les continents, la menace de guerres plus étendues encore. Mais en mémoire de toutes les victimes nous n’avons pas le droit, nous semble-t-il, d’abandonner notre veille
Ce texte est dédié à Justine Moulin, 23 ans, assassinée le vendredi 13 novembre 2015 à la terrasse du restaurant Le petit Cambodge , Paris 10ème, et à toutes les autres victimes de ces carnages.
Pour une liste des autres attentats commis par l’organisation état islamique voir article wikipedia [Attaques ou implantation de l’EI dans les autres pays du monde musulman]
Le jeudi 26 novembre 2015, 14:29
Tellement désolée pour Justine, dans la fleur de l’âge..
je voudrais ajouter que cette remarque est très juste: » sur la façon dont l’absence de dialogue entre Israéliens et Palestiniens s’expatrie chez nous » et crée de la tension parfois très violente entre des Français juifs et musulmans.. »
et j’élargirais en disant: entre les hommes libres ou « encore » libres et ceux qui obéissent à des gourous qui les ont transformé en machines à tuer, qui les ont déshumanisés.. je pense qu’il n’est plus question de religion à ce niveau-là.. elle n’est qu’un prétexte pour nommer l’innommable..
Dépassons les clivages… bon courage !
« A court ou moyen terme, il est évident qu’un « Etat » qui veut détruire la planète entière finira par se prendre une grosse baffe dans la tronche de ladite planète. D’accord. Néanmoins, la continuité Al Qaeda – Daesh, la continuité absolue du terrorisme en Europe depuis quarante ou cinquante ans, quelle qu’en soit l’idéologie sous-jacente, montre que le problème du terrorisme n’a pas de fin. Il est une partie constitutive du fonctionnement de nos sociétés : toujours, des nihilistes en quête d’un monde « purifié comme par le feu » (Saint Paul) auront envie de détruire nos sociétés vivant sous le signe de la « modération », de la « moyenne », du compromis, de l’impureté, du mélange etc. Pourquoi ? Pourquoi la planète des Bisounours suscite-t-elle autant de haine ? Or les Bisounours ne sont pas des naïfs : ils savent bien que leur mode de vie ne tient que grâce à une effroyable exploitation des ressources comme des hommes : comme ils sont gentils, ils essaient d’y remédier avec modération. Un peu de bio, un peu d’humanitaire etc. mais sans rien qui ressemble vraiment à une CONVERSION de tous les moyens de l’existence humaine à une nouvelle réalité, enfin dénuée d’adaptation et de compromis, c’est à dire de cynisme, donc une humanité pure de tout défaut. Le terroriste est pressé : il veut la Révolution, le règne de Dieu ou la fin du Capital MAINTENANT. Et que ça saute. Haha. La question pour les Bisounours est donc de savoir comment nos sociétés « moyennes » pourraient satisfaire des désirs d’absolu sans en subir un préjudice. Ce qui me semble une contradiction dans les termes. »
Entièrement d’accord sur l’état du monde mais depuis combien de temps parle-t-on de la montée de l’antisémitisme? Quand a-t-on pu parler de son recul?
J’ai vu hier au cinéma Le fils de Saul . Pensez-vous en faire, ici, une lecture, ainsi que du livre de Didi-Huberman?
C’est sans doute le troisième film sur la Shoah, après Resnais et Lanzmann. Très grande puissance des images et du son mais difficile d’adhérer à la fiction au sein du film.
L’article suivant est consacré au film Le Fils de Saül.
De quel livre de Didi-Huberman s’agit-il?