7 octobre : ouvrage de Lee Yaron (Grasset 2024)

Il m’a fallu tout ce temps pour arriver à penser la journée du 7 octobre 2023, tant ce massacre? pogrom? « razzia » (Gilles Kepel)*, actes génocidaires? m’ont sidérée, m’empêchant même d’en parler avec mes proches. Ce livre de l’Israélienne Lee Yaron,  journaliste au Haaretz*, représente pour moi le media opportun pour écrire cet article.
Cet ouvrage est le résultat de la première grande enquête scientifique élaborée en Israël. Des centaines d’entretiens menés par l’auteur et son équipe  auprès de survivants, victimes et endeuillés, et de secouristes, ont  été complétés par la consultation d’images et de vidéos fournies par les autorités, et par la transcription de deux interrogatoires de terroristes par les services de renseignement, livrés bruts, sans commentaires.

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Un monument dédié aux Juifs morts sur le territoire français entre 1940 et 1944

Capture d’écran

Au Mémorial de la Shoah de Paris, vient d’avoir lieu une inauguration importante : celle d’un monument numérique dédié aux victimes juives mortes en France du fait des autorités allemandes d’occupation et françaises de collaboration. Grâce aux recherches du centre de documentation et à la collecte d’informations auprès des familles, plus de  4000 noms ont pu être recueillis (liste non exhaustive) qui viennent s’ajouter aux 76 000 noms de déportés de France inscrits sur les murs extérieurs. Continuer la lecture

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Le Déserteur (The vanishing soldier) : film israélien de Dani Rosenberg (2024). Cours, Schlomi, cours!

Cela faisait longtemps qu’un film israélien de cette importance ne nous était parvenu en France. L’histoire, dont le début est autobiographique, d’un soldat israélien désertant la bande de Gaza en 2006 est venu percuter l’actualité à sa diffusion au festival de Pusan (Corée du Sud) le 8 octobre 2023. Comme le dit son réalisateur « Mon film s’est écrasé sur le mur de la réalité » (article du Monde). Voir le soldat  du film arriver au poste de frontière par lequel le Hamas est entré le 7 octobre est  rétrospectivement terrifiant. Continuer la lecture

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Gilles Kepel: « Holocaustes » (au pluriel)

Gilles Kepel[1] vient de publier Holocaustes, aux éditions La Découverte, livre écrit après le 7 octobre 2023, dans l’urgence de la guerre. C’est un livre foisonnant (peut-être un peu trop !) dont j’essaie ici d’indiquer les points de vue principaux.

Carte de Gaza avant le conflit actuel.

Holocaustes, le titre reflète l’intention de l’auteur. Il fait référence au pogrom extrêmement cruel perpétré par le Hamas et ses acolytes le 7 octobre 2023 en Israël, aux abords de Gaza, et à ce que Gilles Kepel nomme l’hécatombe de Gaza, qui s’en est suivie, avec ses milliers de morts et de blessés. Pour l’auteur, et cela me semble l’axe principal de son livre, il y a dans ces deux actions, des deux côtés, un fort soubassement religieux qu’il souligne tout au long du livre. Continuer la lecture

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Quelle co-existence entre Israéliens et Palestiniens ?

Retour sur les idées que des intellectuels ou des mouvements juifs ont débattues pour prendre en compte les populations autochtones et fonder en Palestine un Etat qui se voulait « juif et démocratique ».

L’historien Shlomo Sand, longtemps partisan de la solution « deux peuples, deux Etats » ne croit plus qu’il soit possible de construire un véritable Etat palestinien viable à côté de l’Etat d’Israël ; l’expansion continuelle des colonies en terres palestiniennes a rendu illusoire ce projet politique.  Son dernier livre, « Deux peuples pour un Etat ? » suit l’histoire du sionisme et de la construction de l’Etat d’Israël au travers de ses relations avec les populations arabes, et examine, au fil du temps, les différents projets visant à la fois l’égalité de tous les citoyens et le respect des identités nationales. Il montre que, dès le début du sionisme, les penseurs des courants pacifistes avaient rejeté l’idée d’un Etat juif exclusif sur une terre habitée majoritairement par des populations arabes. Ces élités juives, souvent socialistes, lucides sur les difficultés du projet sioniste, ont cherché d’autres voies..

Un seul Etat pour deux peuples ?    Continuer la lecture

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Spoliation et « aryanisation » des biens juifs sous Vichy : restitutions et réparations dans l’après-guerre (1)

Retour de Juifs déportés à l’hôtel Lutétia à Paris 1945

 De juin 1944 à janvier 1947, début de la IVè République, des gouvernements provisoires se succèdent dirigés par Charles de Gaulle, Félix Gouin, Georges Bidault et Léon Blum. Il faut fermer « la parenthèse de Vichy » et reconstruire un consensus national fondé sur une mémoire héroïque faisant la part belle aux Résistants français, gaullistes et communistes. La spécificité de la déportation des Juifs et des actes antisémites qui l’ont accompagnée est passée sous silence et les Juifs eux-mêmes, surtout les étrangers, dans cette atmosphère de déni, tentent de revivre et se montrent très peu revendicatifs pour récupérer leurs biens. Pour les survivants comme pour les historiens, l’humain prime et les dépossessions passent au second plan. Si ce n’est quelques rares travaux  intellectuels* entre 1945 et le début des années 1960, aucun discours officiel ne rend publics les dommages matériels subis. Il faut attendre mars 1997, suite au discours de Jacques Chirac au Vel d’Hiv en juillet 1995, pour que le premier ministre Alain Juppé lance une mission d’étude, la commission Mattéoli*, sur la spoliation des Juifs de France, travail poursuivi à partir de  1997 sous Lionel Jospin. La  CIVS* (ou commission Drai), installée en 1999, est chargée d’éclairer les familles requérantes, de leur apporter une réponse financière après avoir vérifié le montant des indemnisations versées juste après la guerre et de restituer les objets d’art éventuels récemment retrouvés. Continuer la lecture

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Standing Together

Lorsque nous avons créé notre blog Maclarema en novembre 2013 (dix ans déjà!), nous avons réalisé des pages pour lister et documenter ce que nous avions alors appelé :
les « forces de paix » en Israël.

Depuis, la paix souhaitée n’a toujours pas eu lieu et nous sommes, au contraire, à notre grand désespoir, en pleine guerre, avec une colonisation qui s’intensifie en Cisjordanie. Ce n’est pas une situation facile pour les associations de gauche israéliennes, prônant la paix. Depuis 2013, certaines des associations que nous avions référencées n’ont pas survécu, mais de nouvelles ont été créées et essaient de se faire entendre.

C’est notamment le cas de Standing Together, créée en 2015, réunissant des citoyens israéliens, de nationalités juive et arabe, ce qui n’est pas si courant. L’association affiche les objectifs généraux suivants :

« Lutter pour la paix et l’indépendance pour les Israéliens et les Palestiniens, la pleine égalité pour tous les citoyens et une véritable justice sociale, économique et environnementale ». Continuer la lecture

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Représenter l’irreprésentable? Réflexion à partir du film « La zone d’intérêt » de Jonathan Glazer

Grand prix du jury du dernier festival de Cannes (2023) ce film n’en finit pas de faire parler, d’autant plus qu’il rencontre, semble-t-il, un grand succès public depuis sa sortie. Et de remettre en exergue la problématique soulevée par Claude Lanzmann* qui, au moment de la sortie de la Liste de Schindler de Steven Spielberg, déclare dans un article du journal Le Monde du 3 mars 1994 : « Un certain absolu de l’horreur est intransmissible. Prétendre le faire avec la fiction, c’est se rendre coupable de la plus grande transgression. Pour témoigner il faut inventer une forme nouvelle. Spielberg a choisi de reconstruire, c’est-à-dire de fabriquer des archives ». Et de rajouter plus tard qu’il ne veut surtout pas expliquer l’Holocauste,- « il y a une obscénité du projet de comprendre »- , dit-il, mais juste montrer sans rien prouver, « on ne discute pas avec les négationnistes ». (Le Monde, 12 juin 1997).

Image du film

Dans ce débat le film de Jonathan Glazer, présenté comme une fiction collant au plus près
à la réalité historique, inspirée très vaguement du livre éponyme de Martin Amis*, est-il coupable de transgression? L’oeuvre sert-elle le projet : montrer l’horreur, en creux, du côté nazi (ici dans la maison familiale de Rudolf Höss*, constructeur et chef du camp d’Auschwitz entre 1940 et 1944) ou au contraire profite-t-elle de ce sujet hautement sensible pour mettre en valeur une sorte de « kitsch de l’horreur », quitte à trahir son sujet? Continuer la lecture

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Un livre/une mise en scène : les Emigrants de W.G.Sebald (1992)/Kristian Lupa (actuellement)

Au théâtre de l’Odéon (Paris), jusqu’au 4 février, se joue Les Emigrants, adapté du roman de l’auteur allemand Sebald*, né en 1944 dans une mise en scène du Polonais Kristian Lupa*. Cette oeuvre présente quatre récits d’un narrateur/auteur qui, sous la forme d’une enquête à la fois documentaire et fictionnelle, tente de cerner des moments de vie de quatre personnes/personnages juifs ou liés à des juifs, entre 1900 et les années 1980. Ces quatre hommes autour desquels gravitent des oncles et des tantes de l’auteur ou des amis, ont été contraints de s’exiler, ce qui les a menés au désespoir et au suicide. A noter que Sebald lui-même s’est exilé d’Allemagne en Angleterre.
Lupa choisit de présenter deux des quatre personnages, l’instituteur de Sebald, Paul Bereyter et son grand-oncle Ambros Adelwarth. Continuer la lecture

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le 21 janvier, marche contre la promulgation de la loi immigration

Un appel de 201 personnalités a été lancé pour une grande marche le 21 janvier contre la promulgation de la nouvelle loi
« immigration, intégration, asile ».
Nous soutenons cet appel et comptons nous joindre à cette marche.

Cette nième loi immigration, la 29ème depuis 1980, a été votée en décembre avec les voix de l’extrême droite. Certains de ses articles sont en cours d’examen par le Conseil constitutionnel.

Avant de se pencher sur la loi elle-même, remarquons qu’elle a été d’emblée présentée comme devant régler le problème des étrangers « trop nombreux en France », apportant de l’insécurité, de la délinquance…, créant un climat hostile et xénophobe.

  • La loi est pratiquement expurgée de la partie régularisation des travailleurs sans papiers dans les métiers « en tension » : restauration, nettoyage, aide à la personne…, qui avait été envisagée et qui s’avère indispensable. La régularisation reste « à titre exceptionnel », donc soumise au bon vouloir des Préfets. Le seul côté positif est que cette régularisation n’a plus à être demandée par l’employeur.
  • La loi rogne sur des droits sociaux (APL et prestations familiales) pour les étrangers non ressortissants de l’Union européenne, en situation régulière, hors certaines catégories. L’égalité entre étranger et français avait toujours eu lieu (hors période de guerre)  dès lors que l’étranger avait des papiers de séjour régulier en France. Beaucoup ont noté que c’était ouvrir la porte à la préférence nationale chère aux partis d’extrême droite que restent le rassemblement national et reconquête.
  • La loi durcit les conditions de regroupement familial,
  • Elle remet en cause le droit du sol en en supprimant l’automaticité,
  • Elle rétablit le délit de séjour irrégulier,
  • Elle durcit les conditions de délivrance d’un titre de séjour pour les conjoints de Français et les parents d’enfants français,
  • Elle exclut les sans-papiers de l’hébergement d’urgence,
  • Elle durcit les conditions d’accueil des étudiants étrangers et leur installation ultérieure en France,
  • Pour l’asile, elle remplace une décision collégiale avec un représentant du HCR (Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies) par la décision d’un juge unique,
    Enfin,
  • la loi renforce les possibilités d’éloignement de l’étranger, ce qui peut être vu davantage comme de l’affichage que comme une vraie mesure tant l’éloignement dépend de nombreux facteurs, dont l’acceptation de l’étranger par le pays d’origine.

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