Que devient le camp de la paix en Israël ?

« Où est passé le camp de la paix ? » Rencontre organisée par La Paix Maintenant le 28 novembre 2016 avec Avi Buskila, secrétaire général de Shalom Akhshav  (1) et Yuval Rahamim, directeur du Forum des ONG pour la paix

lapmaint28-11-16Depuis les élections législatives de 2015 qui ont conforté le Likoud et l’extrême droite au pouvoir, la gauche israélienne, découragée et privée de soutien populaire, ne voyait pas de solution au conflit israélo-palestinien en dehors d’une intervention internationale ou d’événements extérieurs.

Avi Buskila, nouveau directeur de Shalom Akhshav, bouscule cette résignation défaitiste à l’impuissance ; selon son analyse, la société israélienne est d’abord minée par les difficultés de vie quotidienne d’une grande partie de la population et par le souci constant de la sécurité d’Israël. Il faut donc, pour résoudre le conflit israélo-palestinien, ne pas dissocier de cet objectif les questions sociales qui mobilisent une grande partie de la population. Il faut montrer que c’est la poursuite du conflit qui grève le budget de l’Etat au dépens des aides sociales et du développement économique, et qui, surtout, empêche le pays de retrouver le sentiment de sécurité auquel tous aspirent.

Shalom Akhshav, qui avait perdu son audience et ses capacités de mobilisation à la fin de l’année 2000, lors de la deuxième intifada (2), s’était surtout depuis cantonné dans l‘Observatoire du développement des colonies en Cisjordanie, et la publication, mise à jour régulièrement, de la carte des implantations illégales. Ce travail utile sera poursuivi, mais, en se focalisant exclusivement sur la question palestinienne, l’organisation s’est coupée de la population. L’objectif principal est maintenant de redevenir un mouvement actif, de retrouver la confiance populaire par une participation sur le terrain aux soucis et aux difficultés des Israéliens ; les grandes manifestations de l’année 2011 pour plus de justice sociale et la baisse du prix des logements, qui ont rassemblé plus de 300 000 Israéliens, montrent la possibilité de cette reconquête.

Yuval Rahamim, directeur du Forum des ONG pour la paix, qui regroupe plus de 150 ONG et institutions travaillant pour la paix et les droits de l’homme, témoigne de son accord avec Avi Buskila et expose ses objectifs : rompre l’isolement qui caractérise la plupart de ces ONG, développer dialogues et échanges entre les groupes, gagner en unité et en force.
Ces groupes, qui apportent leur soutien à des Palestiniens et à des minorités  d’Israël spoliées ou discriminées, agissent souvent dans des petites structures isolées et très minoritaires sur le plan politique. Leur site facebook précise « qu’elles mettent en place des projets de coopération avec les Palestiniens, ou développent des actions tournées vers les différentes composantes de la société israélienne, pour combattre les blocages ancrés dans les peurs et les méconnaissances de l’autre et rétablir la confiance entre les deux parties. »

L’optimisme volontariste d’Avi Buskila et De Yuval Rahamim, le courage et l’obstination des militants engagés dans les forces de paix, ouvrent certes un peu d’espoir dans une situation qui paraît bloquée. Mais, au moment où ces quelques notes sont mises en ligne, la volonté de Shalom Akhshav et du Forum des ONG de reconquérir l’opinion publique israélienne se présente comme une action de terrain dont les effets ne peuvent se manifester qu’à plus long terme ; et les « événements extérieurs » récents s’accumulent dont les effets à court terme bouleversent le paysage politique et déjouent toutes les prévisions.

Notons en vrac : le rôle de plus en plus déterminant de la Russie dans la zone du Proche Orient, l’élection de Donald Trump, la désignation comme « ambassadeur  des Etats Unis à Jérusalem » de David Friedman fervent partisan du « grand Israël », la résolution adoptée le 23 décembre par le Conseil de sécurité de l’ONU condamnant la colonisation israélienne, le discours convaincant, hélas testamentaire, de John Kerry le 28 décembre en faveur de la création d’un Etat Palestinien, l’enquête pour soupçon de corruption visant Netanyahou….

Dans cette situation chaotique, la fin du conflit israélo-palestinien ne semble pas pour demain.

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Notes

(1) Shalom Akhshav signifie la Paix maintenant. C’est un mouvement extra-parlementaire israélien créé en 1978 par 300 officiers de réserve de l’armée israélienne, décrit dans les « Forces de Paix » de Maclarema.
Cf La Paix maintenant sur Wikipédia et le site de La Paix Maintenant France.

(2) Seconde intifada sur Wikipédia

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