A l’occasion du centenaire de la mort de Marcel Proust (1871-1922) le MAHJ propose une exposition inédite centrée sur la judéité de l’écrivain, riche de plus de 150 documents. Elle donne à réfléchir sur l’attitude complexe de Proust face à ses origines, évoque l’inscription de la bourgeoisie juive française dans la société de son temps mais aussi la réception critique de son oeuvre dans les revues sionistes des années 1920.
La mère de Proust, née Jeanne Weil, est la figure centrale de la vie de l’écrivain et son évocation au tout début de A la Recherche du temps perdu – « ma seule consolation…était que maman viendrait m’embrasser quand je serais dans mon lit. mais ce bonsoir durait si peu…qu’il était pour moi un moment douloureux » -n’est pas anodine : en quelques pages elle devient l’archétype de l’objet d’amour pour le Narrateur, causant à la fois plaisir et souffrance. Dans la réalité Marcel est élevé principalement par sa mère qui lui transmet sa sensiblité, son raffinement, sa culture artistique et littéraire et son sens de l’humour. Le tableau de Monet Venise, le Grand canal, nous rappelle le voyage qu’ils ont fait tous les deux en 1900 dans cette ville qui réapparaît dans son oeuvre. Ils traduisent ensemble le poète anglais Ruskin*, échangent une correspondance de 159 lettres entre 1887 et 1905, évoquant sans restriction tous les sujets, même les plus intimes. En septembre 1904 Proust écrit : « Nous deux, on est reliés par une télégraphie sans fils ». Il n’est pas anodin non plus que l’écrivain s’attelle à la Recherche en 1905, juste après la mort de sa mère. « Il me serait si doux avant de mourir », écrit-il, « de faire quelque chose qui aurait plu à maman ». Continuer la lecture










